Expressions

L'histoire des locutions françaises

Une expression élégante

Se mettre sur son trente-et-un

L’expression «se mettre sur son trente-et-un», ou sa variante «être sur son trente-et-un», signifie s’habiller avec soin, avec élégance, voire de manière luxueuse, généralement pour une occasion spéciale. Elle évoque l’idée de revêtir ses plus beaux habits, dans un esprit de célébration ou d’apparat. Elle est souvent utilisée lors de fêtes telles que Noël ou le réveillon du Nouvel An. De là provient une confusion fréquente avec le 31 décembre…

Les origines de l’expression

En effet, contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’expression n’a aucun lien avec la date du 31 décembre. Son origine est en réalité plus complexe et sujette à plusieurs hypothèses. En voici quelques-unes, plus ou moins probables…

L’hypothèse du «trentain»

La théorie la plus répandue et la plus plausible fait remonter l’origine de l’expression au Moyen Âge, avec le mot «trentain», aujourd’hui tombé en désuétude. Ce terme désignait un tissu de grande qualité, composé de trente fois cent fils, soit 3 000 fils de chaîne, utilisé pour confectionner des vêtements de luxe réservés à une élite fortunée.

L’expression viendrait donc d’une déformation populaire du mot trentain en trente-et-un, mal compris par les classes sociales qui ne fréquentaient pas ces étoffes raffinées. Quant à la tournure «se mettre sur», elle signifiait à l’époque «mettre sur soi», autrement dit, s’habiller.

Se mettre sur son trente-et-un
Vincent van Gogh, Le tisserand, huile, 1884.
L’hypothèse militaire prussienne

Une autre explication, plus douteuse mais régulièrement mentionnée, renvoie au XVIIIe siècle en Prusse, où les soldats recevaient le 31 du mois la visite de leurs supérieurs pour une inspection stricte. Ils devaient ce jour-là soigner leur tenue et l’apparence de leur caserne, et recevaient en retour une prime d’entretien. Cette pratique aurait pu inspirer l’expression, même si les occurrences d’un «31» dans l’année sont limitées à sept.

L’hypothèse du jeu de cartes

Une dernière hypothèse suggère un lien avec le jeu de cartes Le trente-et-un, dans lequel le but est d’atteindre exactement 31 points. Toutefois, cette explication n’explique pas la formulation «se mettre sur» et semble déconnectée du sens vestimentaire de l’expression. Elle est donc généralement écartée.

La triomphe
Firmin Baes, Nature morte au jeu de cartes, huile, entre 1884 et 1940

Une expression variable selon les régions

Il est intéressant de noter qu’au Québec, on entend souvent une variante de l’expression, «se mettre sur son trente-six». Cette tournure possède des origines incertaines, mais plusieurs explications ont été avancées. Il pourrait s’agir d’une référence aux tissus de 36 pouces de large utilisés dans la confection. Aussi non, certains pensent que l’expression découle d’un jeu de mot, basé sur 4 × 9 = 36, le chiffre 9 étant lié à l’idée de nouveauté (habits neufs)…

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Sources

Aline Laffont. « L’origine de ces fameuses expressions : Se mettre sur son trente-et-un ». Projet Voltaire. En ligne ici

Dorian de Meeûs. « Pourquoi dit-on « se mettre sur son 31 » ou « être sur son 31″ ? ». La Libre, 03.07.2012. En ligne ici

Noémie Valtinao. « Se mettre sur son trente et un (31) : définition et origine de l’expression ». La langue française, 18.08.2022. En ligne ici

Images

Image 1. Pixabay, utilisation libre.

Image 2. Domaine public, Wikimedia Commons.

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