Sur le chemin de l'histoire

L’histoire de Genève à travers ses noms de rues

En passant par les Bastions

La rue Saint-Ours

La rue Saint-Ours rend hommage à un important peintre genevois de l’époque moderne. Jean-Pierre Saint-Ours, artiste à cheval entre le XVIIIe et le XIXe siècle a connu les périodes révolutionnaires et d’autres évènements qui se reflètent dans son œuvre. Il est reconnu comme le premier «peintre d’histoire» genevois.

Jean-Pierre Saint-Ours

Jean-Pierre Saint-Ours nait en 1752 dans une famille huguenote de petite noblesse ayant fui les persécutions religieuses en France pour s’établir à Nyon. Son père, Jacques Saint-Ours, fonde une école de dessin à Genève en 1759, permettant à Jean-Pierre de se former dans un environnement intellectuellement stimulant, nourri des idéaux de justice sociale, de civisme et des philosophies des Lumières.

En 1769, Saint-Ours part pour Paris à l’Académie royale de peinture et de sculpture. Son travail lui rapporte plusieurs distinctions et prix, notamment pour ses études d’après nature et ses œuvres historiques. Saint-Ours s’installe ensuite à Rome, où il séjourne pendant près de 12 ans, rencontrant de nombreux des succès professionnels.

Cependant, il quitte Rome en 1792 et retourne à Genève, où il s’engage activement en politique, soutenant les idéaux républicains. Il peint des œuvres patriotiques et participe à la création de la nouvelle constitution genevoise. Mais choqué par la Terreur, il abandonne ses charges officielles en 1796 et se tourne vers le portrait. Il cherche aussi à mettre en place des projets culturels pour Genève, comme la création d’un Institut des professions manuelles et d’un musée. Ceux-ci se réaliseront cependant seulement après sa mort en 1813.

La rue Jean-Pierre Saint-Ours
Catherine Saint-Ours (attribution), Copie d'un autorportrait de Jean-Pierre Saint-Ours, fusain, 1850. Musée d'art et d'histoire, Genève.

Peintre d’histoire

Jean-Pierre Saint-Ours est particulièrement connu pour ses œuvres qui capturent les moments clés de l’histoire, tant locale qu’universelle. Plusieurs de ses tableaux monumentaux sont dédiés à des événements marquants.

En tant que peintre d’histoire, Saint-Ours croit fermement en la vertu éducative de l’art et utilise la peinture pour promouvoir des valeurs comme la justice, la liberté et la démocratie. Ses œuvres, souvent inspirées de l’Antiquité, illustrent des scènes idéalisées, telles que Le choix des enfants de Sparte, Les Jeux Olympiques ou Les mariages germains, dans lesquelles il met en scène des foules populaires et des décors grandioses.

Saint-Ours œuvre aussi à représenter également les évènements de son temps: la Révolution française, les guerres napoléoniennes, etc. Il cherche alors à laisser une trace historique, artistique et symbolique des évènements qui se déroule sous ses yeux, et qui bouleversent l’Europe à la fin du XVIIIe siècle. Saint-Ours ne se contente alors pas de représenter une scène historique. Il a pour but d’incarner l’esprit d’une époque, en utilisant l’art pour renforcer l’identité collective et politique.

La rue Jean-Pierre Saint-Ours
Jean-Pierre Saint-Ours, Les mariages germains, huile, 1786. Bayerische Staatsgemäldesammlungen.

Le tremblement de Terre

L’une des œuvres les plus connues de Saint-Ours est son Tremblement de Terre, ou plutôt, ses Tremblements de Terre. Dans un grand cycle de peinture qui s’étend de 1782 à 1806, Saint-Ours dessine et peint plusieurs versions d’une famille fuyant une catastrophe.

Cette œuvre s’inspire à la fois d’un véritable tremblement de terre, celui qui a détruit Messine en 1783 (ainsi que celui de Lisbonne en 1755), mais aussi des troubles politiques et sociétaux auxquels assiste le peintre à Genève. En 1792, en pleine révolution genevoise, Saint-Ours quitte Rome pour venir défendre sa patrie. De retour à Genève, il est élu en 1793 à l’Assemblée nationale chargée de rédiger une nouvelle Constitution. Pendant trois ans, il va mener une intense activité politique et volontaire pour défendre la cause des arts et essayer d’étouffer la grave crise économique dont souffre l’artisanat.

Horrifié par la violence de la Terreur et des révolutions, Saint-Ours insuffle à son tableau le Tremblement de Terre un sentiment d’insécurité et de brutalité que lui inspirent de ces évènements. Après s’être retiré de la vie politique en 1796, il peint au moins trois versions de ce tremblement de terre en 1799, 1802 et une dernière version en 1806.

La rue Jean-Pierre Saint-Ours
Jean-Pierre Saint-Ours, Le Tremblement de terre monumental, huile, 1799. Musée d'art et d'histoire, Genève.

Vous voulez lire une autre histoire des noms de rues?

Partagez l'article ici

Sources

Anne de Herdt. Jean-Pierre Saint-Ours. Catalogue de l’œuvre peint et des sujets dessinés mythologiques, historiques et religieux. 1752-1809. Genève, Musée d’art et d’histoire, 2015. En ligne ici.

Anne de Herdt. « Saint-Ours et la Révolution ». Genava : revue d’histoire de l’art et d’archéologie, n°37, 1989. En ligne ici.

Elisabeth Chardon. « Saint-Ours, artiste en révolutions ». Le Temps, 09.10.2015. En ligne ici

Images

Image 1. Photographie de l’auteure.

Images 2 à 4. Domaine public, Wikimedia Commons.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *