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En vous promenant dans les rues de Carouge, vous vous êtes peut-être interrogé sur le nom de la « Rue du Léopard » … Quel est le rapport entre cet animal et Carouge ? Même s’il s’agit du félin avec l’aire de répartition la plus vaste, il n’est jamais venu jusque dans nos contrées…
De gueules au léopard d’argent couché sur une terrasse de sinople au pied d’un arbre au naturel.
C’est ainsi qu’on définit les armes de Carouge en langage héraldique. Cependant, le « léopard » des armoiries carougeoises n’est pas un léopard… c’est un lion ! Il a d’ailleurs une belle crinière pour le prouver. Cependant, lion ou léopard, pour les armoiries, c’est exactement le même animal. Cela désigne seulement sa disposition sur les blasons. De profil, c’est un lion. De face, c’est un léopard…
Etant de face sur le blason carougeois, on l’appelle donc « léopard », même s’il s’agit d’un lion.
En 1754, le traité de Turin met fin à des siècles de contestations entre Genève et ses voisins. Il met au clair les droits de juridiction de chacune des parties sur les terres entourant la ville. Dans ce traité, entre autres négociations, Genève cède Carouge à la Savoie. Elle devient alors une terre du royaume de Sardaigne. Victor-Amédée III, roi de Sardaigne dès 1773, proclame Carouge « Ville royale » en 1786. Ce titre lui confère une certaine autonomie, et le roi lui offre un blason.
Ce blason a en son centre un lion, symbole de la puissance royale. Il est couché au pied d’un arbre vigoureux, qui représente la nouvelle ville qu’il protège.
Associé à des idées de vaillance et de courage, le lion acquiert son statut de « Roi des animaux » en Europe dès le XIIe siècle. Il détrône alors l’ours, qui avait jusque là ce statut dans la culture occidentale.
C’est à la même période que l’héraldique se développe au sein de la chevalerie. Elle se diffuse ensuite dans de nombreuses autres classes de la société. Le lion en devient une figure prédominante, grâce à son image positive et son symbolisme qui le lie à la royauté. Il se retrouve dans 15% des blasons. Bien loin devant l’aigle, second animal le plus représenté, qui n’atteint pas les 3%.
Le lion est d’ailleurs tellement présent en héraldique, qu’un proverbe médiéval affirme : « Qui n’a pas d’armes porte un lion ». (Sous-entendu, qui ne montre pas ses armoiries a sûrement un lion qui y est représenté).
Les armoiries de Carouge évoluent. Quand au XIXe siècle, on cherche à rafraichir les anciennes armes de la Ville, plusieurs erreurs sont commises. Premièrement, on prend ce fameux lion pour un léopard. Il est d’ailleurs représenté tacheté dans certains blasons, notamment sur le drapeau de la Société de Tempérance, ou celui de la Société des Carabiniers.
Une autre erreur est de prendre l’arbre des armoiries pour un caroubier. Des fruits sont rajoutés à l’arbre, qui adonne plus de crédit à cette nouvelle interprétation. Ces deux erreurs sont encore visibles dans l’espace public aujourd’hui. En effet, le léopard, comme les caroubiers, ont laissé leurs empreintes en donnant leur nom à deux rues carougeoises.
C’est ainsi que du lion couché sous l’arbre, on est arrivé au léopard protégeant son caroubier…
Mots-clés: Anecdotes historiques; Animaux; Histoire Suisse et genevoise; Noms de rues
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Mantilleri, Brigitte. « L’Histoire à grands pas », 1995, Ville de Carouge, Le Boulet : Association de sauvegarde de Carouge. URL : https://www.leboulet.ch/index.php/2016/07/03/lhistoire-de-carouge-a-grands-pas/
Noms géographiques du canton de Genève: https://noms-geographiques.app.ge.ch/
Pastoureau, Michel. Les animaux célèbres, Arléa Poche, 2008.
Images 1 et 3: Pixabay
Image 2: Von Eigenes Werk, CC BY 2.5, Wikipedia Commons, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=1165772
Images 4 et 5 : photographies de l’auteure