Jeu vieux de plusieurs millénaires, le Pierre-feuille-ciseaux prend ses origines en Chine. Il s’est ensuite popularisé sur toute la planète, et garde encore aujourd’hui une grande importance au Japon.
Le jeu Pierre-Feuille-Ciseaux, connu à travers le monde, puise ses racines dans la Chine ancienne. On en retrouve les premières traces sous la dynastie Han (206 av. J.-C. – 220 apr. J.-C.) où il était pratiqué sous le nom de shoushiling, littéralement «jeu des gestes». Ce jeu servait à distraire, mais aussi à trancher certaines décisions sociales, souvent dans un contexte festif. Selon certaines sources, le perdant devait boire de l’alcool.
À cette époque, les symboles n’étaient pas encore la pierre, la feuille et les ciseaux, mais plutôt des représentations animales comme le serpent, la grenouille et la limace, dans une logique de dominance cyclique. On avait ainsi la grenouille mangeant la limace, la limace mangeant le serpent, et le serpent mangeant la grenouille.
Une version alternative au shoushiling existe très tôt au Japon: le kitsune-ken. Dans cette version, le renard (un animal à qui les récits et mythologies japonaises attribuent de nombreux pouvoirs magiques) bat le chef du village, qui bat le chasseur, qui à son tour bat le renard.
Plus tard, toujours au Japon, probablement au XVIIe siècle, pendant l’époque Edo (1603-1868), le jeu prend sa forme actuelle. Les symboles deviennent ceux que nous connaissons. On retrouve ainsi la Pierre (ken, représentant la force); la Feuille (kami, la souplesse) et les Ciseaux (hasami, la précision). Le jeu, désormais appelé « jan-ken », se popularise d’abord comme un jeu d’adultes, parfois utilisé dans les tavernes, les bordels ou même pour trancher des décisions économiques ou politiques.
Le jan-ken franchit les frontières japonaises à partir du XIXe siècle, à travers les migrations et les échanges culturels. Il devient visible en Europe et aux États-Unis au début du XXe siècle. En 1932, le New York Times publie pour la première fois un article expliquant les règles du jeu.
Dans les pays occidentaux, le jeu prend divers noms : « Rock-Paper-Scissors » en anglais, « Chifoumi » ou « Pierre-Feuille-Ciseaux » en français. L’appellation « Chifoumi » serait une déformation des mots japonais « hi, fu, mi » (un, deux, trois), utilisés pour rythmer le jeu au Japon.
Aujourd’hui, Pierre-Feuille-Ciseaux est un jeu universellement reconnu. Il est utilisé autant comme jeu pour enfants, comme méthode de décision rapide, ou encore comme objet de compétition. Des championnats du monde sont même organisés par des associations comme la World Rock Paper Scissors Association (WRPSA).
Symbole de l’importance parfois démesurée de ce jeu simple, une célèbre anecdote rapporte qu’en 2005, une grande société japonaise a tranché un litige de plusieurs millions de dollars entre les maisons de vente Christie’s et Sotheby’s… avec une partie de Pierre-Feuille-Ciseaux.
Christie’s a joué « ciseaux », Sotheby’s « feuille » : victoire de Christie’s, et gain d’une collection comprenant notamment de nombreux tableaux d’artsites célèbres. Parmi eux, on retrouve Picasso, Gauguin, Cézanne ou encore Van Gogh… pour un total de près de 20 millions de dollars, tranché par un jeu d’enfant !
Mots-clés: Anecdotes historiques; Evènements internationaux; Jeux
Vous voulez découvrir l’histoire d’un autre jeu?
Griffin Bateson. « L’histoire de la pierre, du papier et des ciseaux ». Cool Math Games, 16.12.2022. En ligne ici.
Juliette Baëza. « D’où vient le jeu pierre-feuille-ciseaux? ». Slate, 226.05.2023. En ligne ici.
Marie Leroy. « Mais au fait, d’où vient le jeu pierre-feuille-ciseaux ? ». Ouest France, 04.01.2025. En ligne ici.
Domaine public, Wikimedia Commons.