Objet aussi pratique qu’emblématique, le parapluie a traversé les âges, se métamorphosant d’un instrument fonctionnel réservé aux élites en un objet du quotidien. De protection contre le soleil à accessoire de mode, il est passé par de nombreuses étapes avant d’arriver comme parapluie de poche coincé dans nos sacs.
L’histoire du parapluie commence très tôt dans l’Antiquité, bien avant que l’on pense à se protéger de la pluie. Le parasol, précurseur du parapluie, trouve son origine en Chine vers le XIIe siècle avant notre ère. Il semble ensuite émerger à différents endroits de la planète durant l’Antiquité.
C’est un objet fonctionnel, mais il est également chargé de significations symboliques. En Égypte, il est un attribut royal, représentant la voûte céleste sous laquelle le pharaon protège son peuple. Ce symbolisme se poursuit dans de nombreuses cultures. Par exemple, il est présenté comme emblème de dignité royale et religieuse sur des bas-reliefs assyriens, des sculptures grecques, ainsi que dans des représentations de souverains européens.
En Europe, le parapluie fait son apparition en France au XVIIe siècle. Le mot «parapluie» lui-même ne se fixe qu’en 1622, dans les farces de Tabarin. À cette époque, les termes «parasol» et «parapluie» sont utilisés indifféremment. La distinction entre les deux n’est établie que bien plus tard, dans les dictionnaires de l’époque. Ce n’est qu’en 1718 que le terme est inscrit dans le Dictionnaire de l’Académie française.
Au début, le parapluie est encore un objet rare et précieux. Les premières versions sont plutôt imposantes, avec des structures lourdes et rigides. Ce n’est qu’à partir du XVIIIe siècle que le parapluie pliant fait son apparition, sous l’impulsion de Jean Marius, un ingénieur français.
Ce parapluie innovant, en métal et en taffetas, pèse environ 140 à 170 grammes et peut être plié et transporté plus facilement. Cette invention trouve rapidement son succès, notamment auprès de la cour de Louis XIV. Le roi, impressionné par cet objet pratique, accorde à Marius un privilège royal en 1710, garantissant son monopole sur la production de parapluies pliants pour cinq ans.
Au XVIIIe siècle, le parapluie devient aussi un objet de luxe associé aux classes supérieures. Il fait ensuite son entrée dans le quotidien des Parisiens, notamment au travers de la publicité. Un moyen efficace pour son créateur Jean Marius de populariser son invention.
Les innovations techniques se multiplient au XIXe siècle, avec de nombreuses inventions pour améliorer la portabilité du parapluie. La toile devient plus légère et plus résistante, les matériaux de construction sont diversifiés (acier, bois, cuivre, puis fibre de verre) et les mécanismes de pliage sont perfectionnés. Le parapluie devient alors un accessoire de mode incontournable dans les milieux bourgeois.
Le parapluie n’est plus uniquement un outil de protection contre la pluie. À partir du XIXe siècle, il devient un véritable accessoire de mode. Sous l’influence des couturiers et des designers, le parapluie devient une expression de style et de raffinement. Si son usage se démocratise, il reste néanmoins l’apanage des classes supérieures. Ce n’est qu’à partir de la Révolution industrielle et avec l’essor des classes moyennes que le parapluie devient plus accessible et largement répandu.
Les innovations se poursuivent au XXe siècle, mais le parapluie est devenu un objet de consommation courante. De plus en plus transportable, notamment grâce à l’invention de la barre télescopique, il s’emporte partout et s’oublie partout également. Une évolution singulière pour un accessoire au départ si luxueux…
Mots-clés: Anecdotes historiques
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Annie Sagalow. « Parapluie, histoire de la mode ». Universalis, dernière modification de 29.01.2025. En ligne ici.
« Au fil du temps ». Institut national de la propriété industrielle, Google Arts & Culture. En ligne ici.
Maria Pilar Queralt del Hierro. « Le parapluie offre enfin un coin de paradis ».Herodote.net, 17.06.2024. En ligne ici.
Nicolas Montard. « Le parapluie : une histoire méconnue et fascinante ». ça m’intéresse, 04.05.2024. En ligne ici.
Pierré-Caps, Alexandra, « L’état d’exception dans la Rome antique », in Civitas Europa, N°37, 2016, pp.339-349. URL : https://www.cairn.info/revue-civitas-europa-2016-2-page-339.htm
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