Un jour, une histoire

La fête de Pâques

Une question épineuse

Définir une date fixe pour la fête de Pâques

L’histoire de la fixation de la date de Pâques débute au Concile de Nicée, en 325. Il est alors décidé que la fête de Pâques se célèbrera le dimanche suivant la première pleine lune après l’équinoxe de printemps. Cependant, cette règle se base sur un calcul théorique, qui crée une variabilité de la date de Pâques, fluctuante chaque année entre le 22 mars et le 25 avril. Dès le XIXe siècle, plusieurs projets tentent de fixer une date plus précise pour Pâques.

Premiers pas pour une réforme du calendrier

Au XIXe siècle, les impacts de la variabilité de Pâques deviennent de plus en plus évidents, notamment dans les milieux économiques. La fête de Pâques, qui change chaque année, perturbe les cycles agricoles, les congés et l’organisation du travail.

En 1884, l’abbé Croze, envoyé par Richard Wallace (un éminent membre du Parlement britannique) à Rome, tente de sonder le Vatican sur une réforme de la date de Pâques. Toutefois, ces tentatives se heurtent à des résistances liées à la diversité des calendriers utilisés dans les traditions chrétiennes.

La même époque voit l’émergence d’un projet d’un calendrier universel. Ce calendrier, proposé dès 1887 par l’astronome Gaston Armelin vise à rationaliser l’organisation du temps et à offrir une structure uniforme, en éliminant certaines des incohérences. Bien qu’il ait suscité l’intérêt de nombreuses personnalités, il ne trouvera pas immédiatement un soutien global.

Définir une date fixe pour la fête de Pâques
John Sloan, Veille de Pâques, huile, 1907.

Tentatives officielles de réforme du calendrier

Au début du XXe siècle, la question de la réforme du calendrier prend de l’ampleur. Lors du congrès de l’Union Astronomique Internationale de 1922, un projet de calendrier perpétuel est présenté. Celui-ci propose de stabiliser la date de Pâques et de simplifier la gestion des dates d’autres fêtes religieuses. Cette proposition s’ancre dans un cadre scientifique et astronomique, cherchant à minimiser la variabilité des événements comme Pâques. Cependant, la résistance des différentes Églises chrétiennes et les divergences entre le calendrier grégorien et julien rendent cette réforme difficile à mettre en œuvre.

En 1924, un comité spécial d’étude de la réforme des calendriers est constitué au sein de la Société des Nations. Ce comité cherche lui aussi à uniformiser le calendrier pour simplifier la gestion des fêtes et événements, y compris la date de Pâques. Cependant, les discussions rencontrent des obstacles similaires, notamment la diversité des traditions religieuses et le manque d’unité dans l’application des calendriers grégorien et julien.

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O.E. Whitney, Matin de Pâques, n° 2, chromolithographie, 1872

Variantes et obstacles à la fixité

Dans les décennies suivantes, d’autres propositions pour stabiliser la date de Pâques et reformer le calendrier voient le jour. Une variante du calendrier universel propose de commencer toutes les années un lundi. Cette variante implique des jours supplémentaires à ajouter, tels qu’un second dimanche en fin d’année. Cette idée est rapidement abandonnée, car elle complique les échanges internationaux et risque de troubler l’organisation du travail.

Les débats sur la réforme du calendrier, notamment la fixation de la date de Pâques, se poursuivent, mais les résistances culturelles et religieuses demeurent un obstacle majeur à l’adoption d’un calendrier universel. En outre, de nombreux pays maintiennent des lois qui rendent difficile le passage à un système universel, en raison des célébrations nationales ou religieuses basées sur des dates fixes.

En parallèle, le projet du calendrier universel connaît un tournant en 1954, lorsqu’il est adopté par le Conseil économique et social de l’ONU. Ce calendrier vise à réformer la structure du temps en instituant une semaine de travail plus régulière.

Ce projet est néanmoins vite abandonné en raison des jours « hors-semaine » qu’il propose et qui suscitent des inquiétudes. Ces jours « hors-semaine » perturbaient alors la structure de la semaine de travail, particulièrement dans les pays à tradition religieuse forte.

Malgré ces tentatives et propositions, la date de Pâques reste fluctuante, et les projets de réforme du calendrier universel qui resurgissent parfois se heurtent à de multiples obstacles.

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Aleksandr Makovsky, Table de Pâques, huile, 1915.

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Sources

Adolphe-François Chauve-Bertrand. « N’est-il pas opportun de reparler d’un Calendrier unique pour tous les peuples ? ». Bulletin de la Classe des sciences, tome 46, 1960. pp. 140-142. En ligne ici

« Arrivera-t-on à stabiliser la date de Pâques ? ». La tribune de Genève, 14.02.1924.

Camille Flammarion. «  La Fixation de la Fete de Pâques ». L’Astronomie, n°27, 1913. En ligne ici

« La Réforme du calendrier de Pâques ». Courrier de Genève, 04.11.1925

Images

Image 1. Pixabay, Utilisation libre

Images 2 à 4. Domaine public, Wikimedia Commons.

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